Skylar avait suivi Atalaya jusqu'à la chambre de celui qu’elle devait appeler Maître. Celle-ci se trouvait dans une aile de la demeure à part, c’était plus simple de se diriger ici que dans le Krœnos, c’est peu dire. Elle n’aimait pas ça, être enfermée, obligée de suivre les ordres. Depuis combien de temps, eux le faisaient ? combien d’autres avaient été trahis par leur équipage ? rien que de se poser ces questions, cela lui donnait des nausées…
— Et surtout n’oublie pas, lui rappela Atalaya avant qu’elle ne tape à la porte du Maître, si tu fais ce que l’on t’ordonne, ça ira.
Elle acquiesça. Kayla… Maîtresse Kayla avait dit à Maître Acef qu’elle serait susceptible de lui plaire. Ça ne sonnait jamais bien dans la bouche d’une esclavagiste.
Atalaya frappa. Après ce qui semblait être une éternité, Acef leur donna l'autorisation d’entrer. Il aimait faire patienter ses esclaves.
"Maître Acef." Skylar l’aurait décrit comme étant plutôt grand, du moins plus grand qu’un humain normal, humanoïde, aussi musclé que Sarek, mais lui avait une peau basanée. Elle avait vu beaucoup d’espèces différentes entre le Vaisseau et le Marché, mais Maître Acef était probablement un des plus beaux.
— Eh bien, vous voilà enfin, j’ai presque eu à vous attendre, dit-il d’un air sévère.
— Je suis désolée Maître, s’excusa Atalaya en baissant la tête, mais votre nouvelle arrivante a eu du mal à se remettre de son voyage.
Skylar n’avait pas osé le regarder dans les yeux, elle avait bien remarqué qu’Atalaya ne le faisait pas également. Acef n’avait pas répondu et s’était rapproché d’elle.
— Bien, laisse-nous, ordonna-t-il à Atalaya.
Elle obéit et referma la porte de la chambre derrière eux avec un dernier regard à Skylar.
Acef tourna autour d’elle, scrutant chaque partie visible de sa nouvelle esclave. Kayla avait rigolé sur le fait que celle-ci lui plairait, mais maintenant qu’elle était sur pieds et bien apprêtée, il est vrai qu’elle avait du charme.
Quant à Skylar, ce manège lui plaisait de moins en moins, être scrutée comme ça l’a répugné. Elle n’était pas son objet. Énervée, elle finit par lever les yeux vers lui.
Il vit son regard et il n’aima pas ça, trop de défi en elle, trop d'arrogance, mais elle sera conditionnée comme les autres.
— Sais-tu où tu es ? lui demanda-t-il en s’éloignant.
— Non.
— Non, qui ?
— Maître…
— Tu es sur la planète Emere, la toute première que ma famille a collectée. Nous avons érigé cette demeure…
— Vous ?
Un silence. Et en plus, elle aimait le sarcasme ? elle lui plaisait.
— Nous l’avons érigée, reprit-il, et en avons fait notre demeure principale.
À ces mots, Skylar releva la tête vers lui. Demeure principale ? ça pourrait s’avérer utile comme information.
— Pourquoi me dites-vous ça ?
— Car c’est ici que vous allez demeurer jusqu’à votre mort, rigola Acef. Retournez auprès d’Atalaya, elle vous expliquera tout.
L’humaine lui lança un regard noir avant de sortir à son tour de la chambre. Ce ne serait pas ça sa vie très longtemps, elle se le promit.
Le soir venu, une fois que Maître Acef était endormi, Skylar et Atalaya purent rejoindre les trois autres esclaves que contenait l’habitation. C’était le seul moment de la journée où ils pouvaient respirer, jusqu’au lendemain. Ils se retrouvaient tous en général dans la salle de musique, l'une des seules pièces où les Maîtres ne se rendaient jamais. Il y avait de l'électricité, mais ils préféraient allumer des bougies et s’asseoir à côté d’un instrument que Skylar aurait comparé à une sorte de piano.
Quand elles rentrèrent dans la salle, les trois autres se levèrent et vinrent vers elles.
— Si je ne me trompe pas, tu as déjà rencontré Neptune et Joert ? demanda Atalaya.
— Exact.
— Alors, je te présente Citsa, il s’occupe le plus souvent de l’extérieur de la propriété.
— La belle vie ! rigola Neptune.
— Bienvenue à bord, dit Citsa en faisant un signe étrange de la main.
Citsa était mi-humanoïde, mi-insectoïde, semblait-il. Quel insecte, elle n’aurait su le dire, mais ce qui était sûr, c’est qu'il était tout aussi magnifique que les autres.
Ils se remirent en cercle autour des bougies et discutèrent. Joert, qui s’occupait souvent des cuisines, rapportait le soir de la nourriture qu’il dissimulait aux Maîtres. Ils lui dirent que parfois, ils s’amusaient à choisir une planète où se rendre si jamais ils venaient à s’enfuir. Ils parlèrent de la planète Poppie, mais Skylar ignorait tout d’elle.
— Depuis combien de temps êtes-vous là ? demanda Skylar au détour de la conversation.
— Oh, je pense que nous avons tous arrêté de compter les jours, répondit Joert.
— Atalaya fut la première d’entre nous… informa Neptune.
— Il y a longtemps maintenant, continua Atalaya avec un regard que Skylar interpréta comme de la tristesse. Mais je n’étais pas toute seule.
— Qu’est-il arrivé à l’autre personne ?
— Ce qui arrive quand on n’obéit pas aux Maîtres, intervint Citsa.
Skylar regarda Neptune sans trop comprendre, celui-ci mimait une arme contre sa tempe.
— On meurt.
Un silence.
— Tu es une rebelle Skylar, reprit Atalaya. C’est ce que les Intermédiaires ont dit quand les Maîtres sont allés te récupérer. Citsa était là. Mais ça se voit à ton regard.
— Mon regard ?
— Il y a cette lueur dans tes yeux, continua Joert, on l’a tous eue un jour.
— Je n'comprends pas.
— Une lueur de défi, d’arrogance. Tu ne veux pas obéir, mais si tu n’obéis pas, tu finiras tuée comme le compagnon d’Atalaya.
Plus aucun son n’était perceptible dans la salle. Skylar savait pertinemment qu'ils avaient raison, mais elle se l’était promis, elle partirait d’ici, elle les libérerait tous. Ils discutèrent pendant quelques minutes encore puis allèrent dormir. Ils n’avaient droit qu’à peu de temps de repos.
Quand le lendemain arriva, Skylar fut réveillée par Atalaya avant même que le soleil ne se lève. Elle dut se rincer et s’habiller, identiquement à la veille, en vitesse. Elle avait peu dormi. À vrai dire, elle avait passé le reste de la nuit à élaborer des plans différents pour partir d’ici. Finalement, elle misait sur l’improvisation.
Maîtresse Kayla n’était toujours pas là, ce qui semblait rassurer les autres. Elle serait de sortie pour encore quelques jours. Toute la matinée fut remplie de tâches en tous genres. Elle s'était également rendu compte qu’il y avait seulement deux gardes à l’entrée qui veillaient sur la demeure. Atalaya lui avait dit que les Finas ne craignaient rien sur leur propre planète et que tous les autres gardes et employés étaient disséminés sur les 9 autres planètes collectées.
Comme la veille, Atalaya vint la réveiller. Elle était encore en apprentissage, mais son travail consistait surtout à répondre aux désirs du Maître. Si celui-ci voulait manger, il fallait le servir rapidement. Si celui-ci voulait que l'on fasse son lit pour la troisième fois de la journée, il fallait exécuter ses ordres. Durant toute la journée, Skylar fut, comme les autres, contrainte aux travaux forcés. Ils n'avaient que peu de temps pour se reposer et manger. Elle se rendit vite compte que le Maître la jaugeait et la dévorait des yeux à chaque fois qu'il en avait l'occasion. Son angoisse montait à chaque fois qu'il l'appelait. Pourtant, le soir arrivait enfin, et le Maître n'avait toujours rien tenté.
C’est le lendemain que les choses s'accélérèrent. Son plan d’évasion avait pu se faire "grâce" à Maître Acef, sans même qu’il le sache. Il avait ordonné de voir Skylar seul. Elle savait ce que ça signifiait. Il n'avait fait que l'observer la journée d’hier. Lorsqu’elle avait toqué à la porte, il ne l’avait même pas fait attendre.
— Ferme la porte, lui ordonna-t-il.
Elle obéit. Maître Acef était torse nu, il n'avait que son pantalon noir et ses bottes de la même couleur. Et une arme dans un holster sur sa cuisse. À portée de main. Acef n’avait pas remarqué qu’elle était plus intéressée par l’arme sur sa cuisse que par son torse. Skylar tâchait de le regarder dans les yeux avec le moins d’arrogance et de défi possible. Un plan venait d’émerger dans sa tête. Il lui ordonna d’approcher, ce qu’elle fit. Il s’assit sur le lit et renouvela son ordre. Skylar n’était pas stupide, elle savait où il voulait en venir.
— Dites-moi, Maître, lui dit-elle alors qu’elle était maintenant à sa hauteur. Comment les choses fonctionnent chez votre espèce ?
— À peu près pareil que chez la vôtre.
Il la prit par les hanches et la tira vers lui. Il était temps pour Skylar de mettre son plan à exécution. Elle le poussa un peu plus sur le lit et se mit à cheval sur lui. Maître Acef détacha les cheveux de Skylar et y passa ses mains. Il l’embrassa dans le cou, redescendit ses mains et la prit par les hanches. Elle l’embrassa afin de détourner l’attention. C’était maintenant ou jamais. Elle glissa une main sur son torse pendant que de l’autre elle attrapait l’arme dans le holster. Une fois qu’elle l’avait agrippée fermement, elle cessa de l’embrasser et le regarda dans les yeux, de nouveau avec un regard de défi, puis lui sourit.
— Si vous criez, vous mourrez, dit Skylar en se levant précipitamment en brandissant l’arme de son Maître, suis-je clair ?
— Oui… répondit celui-ci, décontenancé par l’allure que prenait la situation. Qu’est-ce que ça signifie ? qu'est-ce que vous voulez ?!
— Qu'est-ce que vous pouvez me donner ? pouvez-vous me redonner ma liberté ? demanda Skylar en passant la crosse de l’arme sur sa tempe.
— Si c'est ce que vous voulez…
— Je veux ma liberté. Mais je veux plus.
— Plus que votre liberté ? répéta-t-il sans comprendre.
— Ouais…
Skylar jeta un œil à la chambre et aperçut un énorme écran qui s'étendait non loin du lit. Un Ordinateur, probablement. Il lui fallait plus que sa liberté et pour ça, il lui fallait les preuves de ce trafic. Elle n'était pas la seule à avoir été trahie par un Capitaine de l'Académie après tout.
Il fallait qu'elle les contacte, il fallait qu'elle en ait les preuves, il fallait qu'elle aide les autres qui étaient dans la même situation qu'elle. Elle l’avait promis. Elle était au sein même de la demeure principale des Finas de Gla, elle aurait ce qu'elle voulait.
— Allez, debout, ordonna-t-elle toujours en braquant l'arme sur son Maître.
Celui-ci n'eut pas d'autre choix que d'obéir. Elle le mena directement devant l'Ordinateur.
— Asseyez-vous. Assis ! je veux toutes les preuves, je veux toutes les informations, je veux connaître tous les noms des Capitaines de l'Académie et des Intermédiaires impliqués dans vos affaires. Je veux ça. Et vous me les donnerez.
— Vous étiez supposés être conditionnés, nous obéir… tenta le Maître.
— Vous obéir ? oh, je n’crois pas que vous connaissiez réellement mon espèce, n'est-ce pas ? ricana Skylar.
— Je connais tout sur vous ! absolument tout !
— Tout ? grâce à qui ? à l'Académie ? mais même l'Académie n’connaît pas tout de mon espèce !
— Menteuse.
— Quoi ? qu'est-ce qu'ils vous ont dit ? vous ont-ils dit que nous aimons la guerre ? que nous aimons tuer et nous entre-tuer ? que nous sommes bons pour obéir ? HA ! eh bien, c'est vrai... D'accord, vous m'avez eu sur ce coup. Nous aimons la guerre, nous aimons tuer mais le plus important, nous obéissons… qu'à ceux auxquels nous croyons. Et je n'crois pas en vous.
— Qu'est-ce que ça signifie donc ?
— Ça signifie que cette fois c’est vous qui allez m'obéir et me donner ces foutues preuves ! s'exclama-t-elle hors de patience en brandissant de nouveau l'arme sur la tempe de son Maître.
Il la scruta avec un regard empreint de haine. Les Intermédiaires l'avaient averti qu'elle serait ingérable. Malgré cela, il obéit, ne voulant pas succomber sous les coups d'une esclave. Il s'installa à l'ordinateur et rassembla toutes les preuves du trafic d'êtres vivants des dix dernières années. L'humaine voulait les noms de tous les impliqués, et il était prêt à les fournir.
Quelques minutes suffirent pour réunir toutes les preuves. Enfin, il se tourna vers elle.
— C'est fait.
— Bien. Écartez-vous.
Le Maître se leva et s'éloigna de l'ordinateur.
— Eh, eh ! vous restez là, assis ! ordonna-t-elle.
Il prit une chaise et s'assit. L'humaine braquait toujours son arme sur lui, prête à le tuer au moindre geste.
— Ordinateur, dit-elle en se plaçant devant lui.
— Que puis-je pour vous ? répondit la voix robotique de l'IA.
— Peux-tu contacter l'Académie à partir d'ici ?
— Chaque ordinateur est capable de contacter l'Académie.
— D'accord, mais un haut gradé ?
— Oui, mais ce ne sera pas dans une communication directe.
— Alors comment ?
— Un message.
Skylar réfléchit brièvement.
— Peut-on y joindre des documents et des coordonnées ?
— Oui.
— Que comptez-vous faire ?! s'exclama le Maître en s'agitant.
— Envoyer les preuves de votre trafic à l'Académie, répondit Skylar sans sourciller.
— Quoi ?! mais …
— Vous pensiez que je voulais tout ça pour moi ? oh, vous êtes encore plus drôle que ce que je pensais. Maintenant taisez-vous.
Skylar se retourna vers l'Ordinateur tout en maintenant son arme dirigée vers le Maître.
— Bien, Ordinateur, commence l'enregistrement, je te prie.
— Début de l'enregistrement, confirma l'Ordinateur.
— Bonjour, commença Skylar d'une voix anxieuse. Je m'appelle Skylar Hogan, je suis une humaine. J'ai été recrutée par le Capitaine Sarek du Vaisseau Krœnos, il y a des jours … peut-être des semaines ? je ne suis pas sûre. Mais ce dont je suis sûre, c'est que j'ai été trahie. Nous nous sommes rendus au Marché, je crois que c'est bien son nom, et… le Capitaine et son équipage m'ont vendu aux Finas de Gla. Je suis leur esclave maintenant. Je joins à ce message mes coordonnées et toutes les preuves dont vous avez besoin pour mettre fin à ce trafic, ainsi que tous les noms des Capitaines et Intermédiaires y ayant participé. Ceci est un appel à l’aide, s'il vous plaît, je… je voudrais juste rentrer chez moi. Ce serait vraiment bien si vous pouviez venir et m'aider. Skylar Hogan, terminée, finit-elle en appuyant sur "envoyer".
— Votre message ainsi que les documents et coordonnées attachés ont bien été envoyés, confirma l'Ordinateur.
Mais Skylar ne put répondre que le Maître s’était jeté sur elle. En moins de deux minutes, elle avait détruit l’Empire que sa famille avait mis des années à construire, c’était inconcevable ! il tenta de lui arracher l’arme des mains, mais Skylar n'était pas prête à lâcher. Lâcher signifiait sa mort imminente.
L’humaine poussa un hurlement lorsque Maître Acef s'était précipité sur elle, et Atalaya, non loin de la chambre du Maître, se mit à courir dans sa direction. Elle lui avait promis de veiller sur elle. Le bruit aigu d’un coup de feu la fit stopper net sa course durant une longue seconde, puis elle accéléra. Voilà qu’elle aussi s’était faite tuer, elle avait échoué… Elle poussa la porte, s’attendant à voir le cadavre de Skylar.
Celle-ci était au sol, du sang presque aussi rouge que le sien partout autour d’elle ainsi que sur sa robe autrefois blanche immaculée et sur ses mains. Maître Acef les yeux grands ouverts gisait sur elle, un trou béant de la poitrine jusqu’au dos.
— Skylar ! s’écria Atalaya en poussant le cadavre de Maître Acef.
— Le coup… c’est parti tout seul… je… répondit-elle choquée et l'arme toujours dans sa main.
Elle s’assit et regarda tour à tour Atalaya et Maître Acef. L’esclave commençait à esquisser un sourire lorsqu’elle comprit ce que ce meurtre signifiait.
— Skylar, dit-elle en lui prenant le visage et en calant son front contre le sien, on est libre. Le Maître est mort, Maîtresse Kayla n’est pas là, on peut partir !
— Les Gardes…
— Tu as l'arme ! lui fit-elle en lui prenant le poignet.
— Quoi…?
Mais elle ne put réagir qu’Atalaya l’aidait déjà à se relever. Elle avait promis de les aider à partir, il fallait qu’elle finisse le boulot. La demeure était assez grande pour que les gardes n’entendent rien au coup de feu et aux cris.
— Tu ne bouges pas ! je vais chercher les autres !
— Atalaya !
Cependant, celle-ci ne répondit pas et partit déjà en courant vers les cuisines, où Joert et, exceptionnellement, Citsa se trouvaient. Atalaya l'avait laissée au milieu d'un couloir, seule. Arme en main, les cheveux en bataille et du sang partout, elle avait la sensation d'être dans un film d'horreur, mais cette fois elle était dans le rôle du méchant.
Dans sa tête, les images défilaient, scène par scène, de leur baiser au coup qui était parti tout seul. Elle n'avait pas prévu cela, mais maintenant elle ne pouvait plus faire demi-tour. Elle tentait de se rassurer en se disant que c'était un esclavagiste… Mais rien de tout cela ne lui fit du bien. Elle n'avait jamais imaginé que son voyage dans l'espace tournerait ainsi. Elle n'était qu'une petite terrienne en quête d'aventure.
— Gosha ! s'exclama Neptune, qui venait d'arriver. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!
Skylar ne l'avait pas vu arriver.
— Je…
— Te voilà ! coupa Atalaya en arrivant en courant derrière lui.
Elle avait trouvé Joert et Citsa mais n'avait encore rien raconté. Ils furent tout autant choqués que Neptune en voyant l'état dans lequel se trouvait l'humaine.
— Qu'est-ce qui t'es arrivée ?!
— Elle a tué Maître Acef !
— Quoi ?! s'exclamèrent-ils en chœur.
— C'était un accident…
— Peu importe ! vous ne comprenez pas ? nous sommes libres ! plus de Maîtres !
Un silence s'installa. Ils mirent quelques secondes pour réaliser ce que cela signifiait. Libres. Ils étaient libres grâce à Skylar. Ils s'exclamèrent de joie, une joie trop longtemps enfouie.
— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Joert.
— On s'en va ! répondit Neptune, heureux comme jamais il ne l'avait été.
Sans attendre plus longtemps, Atalaya prit Skylar par la main, et tous les cinq se mirent à courir vers l'entrée principale. Arrivés devant, les quatre autres regardèrent l’humaine. Finir le boulot, les libérer. Libre. Elle savait ce qu’elle avait à faire, mais tuer de sang-froid n’était pas dans son CV. Peu importait maintenant.
Elle ouvrit la porte en grand. Devant elle, deux gardes probablement de la même espèce que le Maître, armes aux poings et à une centaine de mètres derrière eux, le Vaisseau personnel du Maître. Ils se tournèrent, mais n’eurent pas le temps de parler que Skylar pointait déjà son arme sur eux.
— Je suis désolée, dit-elle avant de leur tirer en pleine tête l’un après l’autre.
Ils tombèrent à la renverse comme des poupées de chiffon. Atalaya, Joert, Neptune et Citsa avaient déjà dévalé les quelques marches de l’entrée lorsqu’ils se rendirent compte que Skylar n'avait pas bougé.
— Qu’est-ce que tu fais ? nous sommes libres ! allez ! s’exclama Atalaya en revenant vers elle.
— J’ai… j’ai appelé l’Académie, ils vont venir.
— Personne ne va venir, pas pour nous !
— Mais ils vont venir, les Finas, ils sont importants pour eux…
— Skylar ! viens ! intervint Neptune en les rejoignant.
Tous les quatre étaient de nouveau devant l’entrée, avec elle.
— Nous pouvons te ramener chez toi, te ramener sur ta planète ! dit Citsa à son tour.
— Je ne sais pas… Ils vont venir…
— Skylar… murmura Joert.
— Ok, coupa Atalaya avec un sourire triste, et en lui prenant la main. Tu es libre maintenant, tu prends tes décisions.
— Atalaya…
— Tout va bien, lui dit-elle alors qu’elles étaient de nouveau front contre front, tout va bien… Ta liberté, tes décisions. Et qui sait, peut-être serions-nous amenées à nous retrouver ? la galaxie est vaste, mais pas infinie.
Elles se détachèrent l’une de l’autre.
— On t'en doit une, Skylar, dit Neptune.
— Tu sais où nous trouver, répondit Citsa.
— Poppie… chuchota l'humaine.
— Merci, reprit Citsa en la serrant dans ses bras, merci pour ce que tu as fait.
Citsa se détacha et partit vers le Vaisseau, ensuite ce fut au tour de Joert, puis de Neptune, et enfin d’Atalaya.
— J’espère que tu trouveras ce que tu cherches, lui murmura-t-elle dans l’oreille, et si ce n’est pas le cas, viens nous retrouver, on sera toujours là pour toi.
Atalaya l’embrassa sur la joue et rejoignit les autres en courant avant de lui lancer un dernier regard. Skylar s’assit sur les marches froides, l’arme toujours en main, entourée des cadavres des gardes.
Elle savait que l’Académie viendrait. Elle était patiente, elle attendrait.
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