Allers et Retours dans le Temps…
Logan reprenait son souffle avec peine, il s'était promis de ne plus jamais retourner ici. Il avait fait le serment de rester du côté des Voyageurs, loin des traqueurs impitoyables que formaient les membres de la Légion. Cette organisation, surnommée la "Police du Temps" par les Voyageurs, pourchassait sans relâche ceux qu'ils désignaient comme les "Irréguliers" : tous ceux qui n'avaient pas reçu leur Montre par un autre Voyageur comme les règles le voulaient.
Logan avait passé des années au sein de la Légion, pourchassant et enquêtant sur les organisations clandestines qui distribuaient des Montres à qui le souhaitait. Mais plus il traquait les Voyageurs, moins il comprenait le but de la Légion. Alors Logan avait pris la décision de partir, de fuir pour découvrir l'autre facette de la réalité, celle qui le conduirait à devenir un Voyageur à son tour.
Il avait dissimulé son passé de Légionnaire à Schmitt, conscient des méthodes impitoyables que pouvait employer cette organisation envers les Irréguliers… Mais aujourd'hui, il n'avait d'autre choix que de solliciter leur assistance. Avec les bouleversements temporels provoqués par la Voyageuse Swann Wells, il était impératif de la retrouver, peu importe comment !
— Logan, dit l'homme en face de lui en croisant les bras, je pensais que tu ne reviendrais jamais. Si je ne me trompe pas, ce sont les mots que tu as employés en t'enfuyant.
— "M'enfuir" est un bien grand mot, essaya Logan, la voix légèrement tremblante.
— Bien sûr, bien sûr. Et "la Légion n'est qu'une bande de tueurs" ? c'est ainsi que tu nous as qualifiés, n'est-ce pas ?
Logan déglutit, sentant le poids de ses propres mots lui retomber dessus. Il savait que cette confrontation serait difficile, mais il n'aurait jamais pu anticiper à quel point. Les yeux de l'homme en face de lui, Nikolaï Raït, Directeur de la Légion, étaient pénétrants, comme s'il cherchait à percer ses secrets les plus intimes. Comme s'il ne les connaissait pas déjà.
Schmitt, à ses côtés, restait silencieux, lui serrant la main comme pour lui promettre qu'il était toujours là.
— J'ai dit beaucoup de choses à ce moment-là, répondit-il finalement, tentant de garder son calme malgré l'angoisse qui montait en lui.
— Des mots qui ont des conséquences. Des mots qui trahissent une certaine ingratitude, après tout ce que la Légion a fait pour toi.
Logan baissa les yeux, le poids de la culpabilité s'ajoutant à celui des souvenirs qu'il avait tenté de laisser derrière lui.
— J'n'ai jamais nié ce que la Légion m'a apporté, mais j'me suis rendu compte que je n'pouvais plus rester dans une organisation dont les principes étaient de plus en plus contestables, à mon sens.
L'homme en face de lui hocha lentement la tête, comme s'il comprenait mais n'approuvait pas.
— Tu dois comprendre que la Légion ne peut tolérer de telles trahisons. Nous avons un code, des règles, pour de bonnes raisons, et tu as enfreint ces règles en t'enfuyant.
Logan hocha la tête, sachant qu'il était difficile de justifier ses actions devant le Directeur de la Légion. Pourtant, au fond de lui, il était convaincu d'avoir pris la bonne décision, même si cela signifiait affronter les conséquences de ses actes.
— Je sais que j'ai commis des erreurs, admit-il, je suis prêt à en payer le prix. Mais pour l'instant, on a un objectif commun. Je sais que la Légion s'est rendue compte des dommages temporels qui s'étendent de plus en plus.
— Nous sommes conscient de la situation, confirma Raït. Mais ça ne change rien au fait que tu as déserté nos rangs. Nous sommes prêts à passer outre cet acte si tu nous aides à résoudre cette crise, car si tu es là, c'est que tu as déjà des informations à ce sujet. Nous avons besoin de chaque main disponible pour remettre les choses en ordre.
Logan sentit un frisson de soulagement lui parcourir l'échine. Peut-être n'était-il pas condamné après tout.
— Je ferai tout ce que je peux pour aider. Mais j'n'ai qu'une condition.
— Tu crois être en droit d'émettre une condition, Logan ?
— Juste une, Nikolaï. Lui, il reste avec moi, continua-t-il en faisant un signe de tête vers Schmitt.
Nikolaï Raït fixa Logan d'un regard interrogateur, évaluant sa requête, puis jeta un œil à Schmitt et à leurs mains liées. Le silence qui s'ensuivit semblait interminable pour Logan, qui maintenait son regard fixé sur le Directeur de la Légion, déterminé mais nerveux à la fois.
Finalement, Raït esquissa un léger sourire, presque imperceptible. Il acquiesça d'un mouvement de tête, comme s'il avait pris une décision.
— Soit. Mais sache que sa présence n'altérera en rien ta responsabilité envers la Légion.
Logan retint un sourire. Il savait que la bataille n'était pas encore gagnée, mais cette concession de la part de Nikolaï était un premier pas vers une collaboration qui pourrait s'avérer importante pour tous.
— Merci, Nikolaï, répondit-il simplement, reconnaissant.
— Tu as cinq minutes pour briefer ton petit ami, ensuite rejoins-nous dans la salle principale.
Raït lui lança un dernier regard avant de se détourner et de quitter la pièce. Logan poussa un soupir de soulagement et se tourna vers Schmitt.
— Petit ami ? dit Schmitt, confus, un peu pour lui-même.
De tout ce qui avait été dit ces deux dernières minutes, Schmitt n'avait retenu qu'une chose et c'était ça. Logan ne put s'empêcher de rigoler avant de lever sa main et de lui montrer leurs mains encore étroitement liées. Il leva un sourcil, un sourire taquin étirant ses lèvres. Schmitt secoua la tête, détachant enfin sa main de celle de Logan, avant de répondre :
— Eh bien, ç'a au moins le mérite de nous mettre dans une situation intéressante.
— Qui aurait cru qu'une réunion avec la Légion aurait pu se transformer en une comédie romantique ? s'amusa Logan.
— Je crois que tu as cinq minutes seulement pour me briefer sur tout un passé, non ?
Logan esquissa un sourire, malgré la tension qui planait toujours dans l'air. Il prit une profonde inspiration, rassemblant ses pensées pour expliquer à Schmitt les détails de son passé au sein de la Légion et les raisons qui l'avaient poussé à partir.
— J'suis désolé de te plonger dans tout ça, Schmitt.
Schmitt secoua la tête, son expression sérieuse.
— Ne t'en fais pas. Je suis là pour t'écouter.
— Eh bien, autant te prévenir que cinq minutes ne suffiront pas à résumer toute mon histoire, plaisanta Logan, tentant d'alléger l'ambiance.
Schmitt lui adressa un regard amusé, ses yeux brillant d'une lueur taquine.
— Alors, je suppose que je vais devoir me contenter des grandes lignes, dit-il d'un ton faussement désinvolte.
Logan sourit de nouveau, avant de prendre une respiration et de se mettre à parler.
— J'ai intégré la Légion à l'âge de 18 ans, comme la plupart d'entre nous, après qu'ils ont remarqué certaines… capacités en moi. Je n'me suis pas fait repérer de la meilleure des façons… J'étais un délinquant, j'étais bon dans ce que je faisais, si bon que mes actions ont commencé à créer des anomalies.
Schmitt écouta attentivement. Il ne pouvait s'empêcher de se demander comment cet homme, dont la présence dégageait une aura calme mais frivole, avait pu être associé avec la Légion.
— Toi ? un délinquant ? pourquoi je ne suis pas étonné, dit Schmitt. Comment tes actions pu ont perturbé le cours du temps ?
— J'étais doué pour… m'introduire là où je n'devais pas être, pour accomplir des choses qui étaient vues comme dangereuses. Mais à un moment, tout ça a commencé à avoir des conséquences imprévues sur le continuum temporel.
Il marqua une pause, laissant ses souvenirs remonter à la surface.
— C'est là que la Légion est intervenue. Plutôt que d'me condamner, ils m'ont recruté, estimant que mes capacités pouvaient être mises à profit d'une manière plus… contrôlée.
— Et c'est comme ça que tu es devenu un agent de la Légion, reprit Schmitt. Mais alors, pourquoi as-tu décidé de partir ?
Logan baissa les yeux, une expression sombre voilant son visage.
— Plus je passais de temps dans la Légion, plus je réalisais à quel point leurs méthodes pouvaient être… discutables. Ils protègent l'ordre temporel, traquent les organisations clandestines qui distribuent des Montres car elles enfreignent la règle primordiale du Voyage dans le Temps…
— Attends, coupa Schmitt, la "règle primordiale" ?
— On ne devient Voyageur que si un Ancien Voyageur nous donne sa Montre. C'est la règle qu'un Voyageur doit suivre et c'est celle-ci que la Légion s'efforce de protéger.
— Ils veulent maintenir un certain ordre dans le temps, c'est ça ?
Logan hocha la tête.
— Absolument. Mais plus je travaillais pour eux, plus je réalisais que leur vision de cet "ordre" était très stricte. Ils sont prêts à tout pour maintenir cette stabilité, même si ça signifie écraser ceux qui vont à l'encontre de leurs règles.
Schmitt réfléchit un instant, absorbant ces révélations.
— Et c'est pour ça que tu as décidé de partir ?
Logan acquiesça, son regard plongé dans le lointain, revivant les choix difficiles qu'il avait dû faire.
— Je n'pouvais plus être complice de leurs méthodes. Je voulais trouver une autre voie, une autre manière de vivre, être libre. Je n'pouvais pas rester, alors j'ai décidé de partir, m'enfuir... même si ça voulait dire abandonner tout ce que j'avais connu. Je pensais avoir fait le mauvais choix pendant si longtemps, jusqu'à c'que j'te rencontre…
Schmitt le regarda, surpris.
— Moi ?
— Oui, toi, admit Logan avec un sourire. Tu m'as montré qu'une vie loin de la Légion était possible. Mais avec Swann Wells détruisant le cours de l'Histoire, la Légion est notre seul moyen de la trouver…
Schmitt resta silencieux l'espace d'un instant, essayant de mettre de l'ordre dans tout ce que Logan venait de lui dire. Logan le regarda, espérant qu'il comprenne. Il savait que lui mentir sur une telle chose pouvait ruiner leur relation, il savait que les Voyageurs n'aimaient que peu la Légion.
— Je t'avais dit que tu n'devrais pas me faire confiance…
— Si tu penses que tout ça va me faire changer d'avis sur comment je te vois, c'est que tu me connais mal.
Logan hocha la tête. Il était soulagé que Schmitt puisse accepter cette facette de lui-même, même si elle était complexe et très douteuse. Faire de nouveau face à la Légion serait plus simple avec Schmitt à ses côtés.
— Merci, murmura-t-il.
— Je t'en prie. Que fait-on maintenant ?
— On rejoint Nikolaï et on fait tout pour retrouver Swann Wells, dit Logan en soupirant.
Logan et Schmitt se regardèrent, déterminés. Ils prirent une respiration et quittèrent la pièce, prêts à rejoindre Nikolaï et à mettre en place un plan pour retrouver Swann Wells et rétablir l'ordre temporel. Ils devaient agir vite s'ils voulaient sauver l'Histoire.
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